Ingested : “The Tide of Death and Fractured Dreams” @Metal Blade Records

Il est toujours intéressant de prendre du recul pour voir l’évolution musicale tout au long de la carrière d’un groupe. En effet, parmi eux, on peut prendre l’exemple d’Ingested. En effet, car au fur et à mesure que le temps passe la bande semble freiner sur la violence dite “gratuite” et essaie de donner plus de corps à leur musique : cela reste tout de même du deathcore, ne vous affolez pas ! Mais on peut dire qu’Ingested fait toujours du violent, mais avec plus d’âme ! Et c’est le cas aujourd’hui avec la sortie de leur dernière offrande, où le groupe ajoute une nouvelle facette à leur musique. Vous vous souvenez de leur tout premier album “Surpassing the Boudaries of Human Suffering” ? On était sur du pur slam death sans concession, alors qu’avec ce 7ème album qu’est “The Tide of Death and Fractured Dreams”, on tient-là l’album de la maturité : un album qui prouve qu’on peut être très violent tout en voyageant vers d’autres horizons. Visuellement, le rendu de cette pochette est beaucoup plus épuré et esthétique : c’est certainement la plus belle de leur discographie, mais elle est aussi très éloignée des pochettes plus morbides et malsaines des débuts.

Comme je vous l’annonçais, cette nouvelle offrande est celle de la maturité artistique, et celle des prises de risques. Justement faisons les choses différemment cette fois-ci : commençons par la fin de cet album avec “A Path Once Lost”. Le débat, l’éternel débat devrais-je dire, vous l’aurez compris? On parle bien des « cleans ». Est ce que les chants clairs ont leur place dans le death metal? Ingested prend le risque sur cet album d’en mettre sur plusieurs chansons, et ça colle parfaitement. L’introduction d’à peine quelques minutes est tout en douceur et met en place la pièce maîtresse avant le dernier coup de massue des anglais. Dans ce morceau, tout y est : la dualité entre les cleans et les growls, des temps calmes et des passages très heavy et enfin le solo… et justement on en voudrait presque plus. En clair, c’est une très bonne conclusion pour un album. Maintenant que vous connaissez la fin, permettez-moi de revenir un peu en arrière, et vous parler de “Numinous” qui se situe au milieu de la tracklist de cet album. C’est un titre totalement instrumental qui déstabilisera les fans de la première heure du groupe : en effet, car on est très loin du carnage que le groupe a tendance à proposer. Mais c’est une excellente transition entre deux moment « brutaux », et musicalement c’est beau, c’est très simple mais terriblement efficace. “Efficace”, c’est certainement le maître mot : on est très loin de la déferlante technique des premiers albums, les compositions sont beaucoup plus simplistes et rentre-dedans, mais elles sont plus travaillées et les ambiances sont plus recherchées… c’est comme si le groupe s’était réinventé. Les morceaux comme “Paragon of Purity”, “Endless Machine” ou encore “Panthéons” sont du Ingested pur souche, ça tape et ça fait mal par là où ça passe. “Expext to Fail” en featuring avec Josh Middleton de Sylosis est certainement la meilleure piste de l’album : l’alchimie entre les deux frontmen est réelle, et cela donne un pur moment de death metal ultra maîtrisé. Ensuite, quel plaisir de retrouver Mark Hunter de Chimaira sur “In Nothingness”. Cela donne une nostalgie des années 2000. Du coup vous l’aurez compris, ces 10 nouvelles pistes proposent du nouveau et d’autres consolident la réputation du groupe anglais dans le royaume du deathcore.

“The Tide of Death and Fractured Dreams” n’est pas forcément le meilleur album des anglais, mais c’est certainement l’album de la maturité musicale et du renouveau d’Ingested. Il fidélisera les nouveaux fans et éloignera peut être les anciens, mais en tout cas pour ma part, le groupe continue de faire ce qu’il sait faire… du bon gros metal !