Aborted: « Vault of Horrors » @Nuclear Blast Records

Aborted
Vault of Horrors
Format: Album
Genre: Brutal death metal
Pays: Belgique
Label: Nuclear Blast Records
Sortie: 15.03.24
Note: 5/5

Comment? Non ce n’est pas vrai! Vous ne connaissez pas Aborted? C’est pourtant l’un des plus gros piliers du metal et l’un des plus grands architectes du brutal death. Ah, là ça vous revient? Vous m’avez fait peur! Ainsi le légendaire groupe belge revient avec “Vault of Horrors”, leur 12ème album studio et leur tout premier sous l’écurie Nuclear Blast Records. Et pour cette première, le groupe n’a pas fait dans la dentelle. En effet, ils ont annoncé du lourd, du très très lourd: 10 pistes avec 10 invités de gros calibre (que je vous dévoilerai au fur et à mesure). Mais avant toute chose, notons une pochette sanglante qui rend clairement hommage au film “Massacre à la tronçonneuse”. Avec ce “Vault of Horrors”, la seule question qu’on a le droit de se poser est : avec plus de 25 ans de carrière, Aborted peut-il faire un mauvais album?

Commençons avec l’opener “Deadbringer”, avec comme invité Ben Duerr du groupe Shadow of Intent. Oui, déjà sur le papier ça annonce du lourd, car Ben est un poids lourd de la scène deathcore. Et justement le massacre sonore (au sens positif du terme) commence dès cette première chanson. Après une introduction digne des plus grands et plus effrayants films d’horreur, où la tension monte crescendo, Aborted envoie une déflagration sonore comme on les aime. Les vétérans belges ne sont pas contents, et cela s’entend: la double pédale épileptique, les riffs tranchants tels une tronçonneuse (vous saisissez la référence?) et le timbre inimitable de Sven. On ne s’est pas trompé, c’est bien Aborted qui envoie un mur du son. “Deadbringer” est réellement un très gros opener et porte très bien son nom, c’est une véritable boucherie. Même au niveau de la production et du mixage de Monsieur Otero, qui est une nouvelle fois dantesque. Le chanteur Ben Duerr apporte une réelle complémentarité avec Sven sur les voix: sa voix très caverneuse donne encore plus de profondeur à la violence sonore ici représentée. S’ensuit “Condemned to Rot” avec Francesco Paoli de Fleshgod Apocalypse: et c’est clairement la première surprise concernant le choix de l’invité. Pour ceux qui ne connaissent pas, le groupe évolue dans un death metal symphonique, qui est très loin des contrées de ce que propose Aborted. Mais finalement ça passe vraiment bien, surtout que le groupe passe à la vitesse supérieure concernant la vitesse d’exécution de cette composition. Une des chansons la plus courte de cet album (moins de trois minutes), mais tout va à 2000 à l’heure et l’auditeur n’a pas le temps de comprendre ce qu’il se passe: ça va extrêmement vite et ça frappe extrêmement fort!

Vous êtes prêts pour la suite? “Brotherhood of Sleep” avec Johnny Ciardullo de Carcosa et Angelmaker. Bref, vous l’aurez compris, encore un poids lourd du deathcore moderne. Rien à redire ici, tout est parfaitement maîtrisé de bout en bout, et la violence sonore ne s’estompe pas d’un poil. Justement la présence de Johnny accentue cet effet, avec son niveau de voix tantôt très aiguë et tantôt très grave. Ensuite “Death Cult”, le premier single dévoilé par le groupe avec en invité Alex Erian du groupe Despised Icon. C’est vraiment le VRAI premier hymne mémorable de cet album: tout est parfaitement écrit et arrangé pour que ce morceau reste en tête. Ce morceau est de la pure violence, notamment sur la dernière section (en fin du morceau), qui montre toute l’étendue que le groupe a, pour créer des atmosphères d’une agressivité extrême. “Hellbound” se lance et on est directement de retour dans cette extrême tension sonore, que le groupe adore amener, et avec laquelle il aime nous malmener. Cette fois-ci, c’est le frontman Matt McGachy de Cryptopsy qui accompagne Sven, dans un nouveau tour de manège horrifique. Une nouvelle fois rien à dire: les musiciens enchaînent les riffs techniques les uns après les autres, le batteur est une machine inarrêtable qui souille son instrument jusqu’au bout. Bref encore une leçon donnée par le groupe. “Insect Politics” s’enchaîne et c’est le moment le plus fou de l’album: c’est juste un moment de pur plaisir auditif, j’irais même dire de jouissance auditive. Ce morceau ressemble énormément à du grindcore (un style caractérisé par un rythme très rapide avec des chansons courtes et bien évidemment très brutales). Et c’est Jason Evans du groupe Ingested qui officie ici, pour un moment absolument délirant. Avant même de lancer la septième chanson “The Golgothan”, je savais déjà grâce au nom de celle-ci, qu’elle serait vraiment très très lourde. Et je ne me suis pas trompé, car après une introduction de 30 secondes, le groupe envoie un méga parpaing « right in the face » comme diraient nos amis américains. Ce morceau est sûrement l’une des plus lourdes de l’album, et la présence de Hal Microutsicos du groupe Engulf, y est pour quelque chose. “The Shape of Hate” est du pur old school avec une structure ultra rapide qui est parfaite pour le frontman de Archspire, Oliver Rae Aleron. Il est certainement le frontman le plus technique et le plus rapide de tous nos invités. Alors imaginez le rendu sur ce morceau, ça donne quelque chose de fou. Vous ne serez certainement pas déçus.

Naturum Demonto” démarre. Alors là, je vous confesse que j’ai dû faire des recherches pour trouver la signification de ce titre. J’ai trouvé que musicalement cette piste était celle qui collait le mieux avec l’univers et l’artwork de cet album. En effet, car le Naturum Demonto est un livre dont la couverture est assemblée avec de la peau humaine, il invoque alors la possession spirituelle et démoniaque. Encore un sujet très poétique. Sur “Naturum Demonto” le groupe a fait l’excellent choix d’inviter le frontman David Simmonich de Signs of the Swarm: il a l’air réellement possédé avec ses growls et autres vocalises démoniaques. Le tout donne un morceau d’une violence extrême (comme d’habitude), mais un ton en-dessus, avec son final qui prend vraiment à la gorge et aux tripes. Et nous voici déjà sur la dernière démonstration de metal extrême d’Aborted avec la chanson “Malevolent Haze” avec au chant Ricky Hoover de Ov Sulfur, un autre groupe de deathcore qui monte en popularité. La chanson est divisée en 3 parties: les 2 premières minutes sont du pur Aborted donc rien de nouveau, mais ensuite vient la partie de Ricky qui arrive où la voix et la musique sont en unisson pour nous donner de la pure violence gratuite, et pour finir les deux dernières minutes amènent à un passage très calme mais extrêmement bien écrit car elles préparent de façon très naturelle vers l’ultime déflagration qui conclut à merveille cet album. Ces dernières secondes représentent parfaitement le sentiment général de ces 40 minutes qui composent ce “Vault of Horrors”. Après cette boucherie, le constat est clair, personne ne sort vivant après l’écoute de cet album (et je vous avais prévu dès le début de cette chronique). Ainsi, le massacre prend fin!

Est-il réellement nécessaire de faire une conclusion? Je pense vraiment que le groupe n’arrivera pas à faire un autre album aussi bon que celui-ci. Cet opus confirme le groupe comme étant l’un des plus grands piliers du metal extrême. La présence de ces nombreux invités ajoute un vent de fraîcheur et de modernité dans les compositions. Aborted ne prend aucun risque ici (et pourquoi vouloir en prendre quand on n’en a pas besoin?) et fait du Aborted pur jus, mais en mieux! C’est pour cela que “Vault of Horrors” est un digne successeur de “Maniacult” et confirme l’expérience du groupe. Même après 25 ans de carrière, le groupe n’a rien perdu de son savoir-faire et de sa capacité à produire des morceaux de plus en plus extrêmes…

Tracklist :
1. Dreadbringer
2. Condemned to Rot
3. Brotherhood of Sleep
4. Death Cult
5. Hellbound
6. Insect Politics
7. The Golgothan
8. The Shape of Hate
9. Naturom Demonto
10. Malevolent Haze

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